jeudi 6 janvier 2011

L’analyse vidéo de la performance sportive: une approche anglo-saxonne qui peine à s’inscrire dans les pays latins.

Après une petite absence en décembre, voici le retour du blog! Pour bien commencer l'année 2011, petit post sur la différence d'utilisation des logiciels d'analyse vidéo entre les cultures latines et les cultures anglo-saxonnes.

Aujourd’hui dans le sport de haut niveau, l’analyse vidéo semble être un complément indispensable à la performance sportive. Afin de capturer le geste parfait, l’analyser en profondeur, favoriser l’élaboration d’une tactique, permettre le développement d’un athlète, identifier les secteurs et les détails clés du jeu, les logiciels d’analyse vidéo et statistiques sont devenus prépondérants pour le sport professionnel.
Aujourd’hui, plusieurs logiciels sont sur ce  micro-marché. Deux entreprises dominent ce dernier : Sportec : http://www.sportstec.com/
et Dartfish


D’autres logiciels existent, mais sont beaucoup moins performants, et se réservent plus à une utilisation amateur, comme le logiciel libre : Kinovea  www.kinovea.org/fr/ ou encore d’autres plus obscurs : perform live ou mv sport.
De plus en plus de sportifs et d'entraîneurs s’intéressent à l’utilité de ces logiciels. Le grand public aussi d'ailleurs, notamment par la démocratisation de l’analyse vidéo dans les médias télévisuels, avec les célèbres palettes de Philippe Doucet au canal football club, ou tout récemment celle de Jacques Monclar de l’excellente émission canal NBA.
Il est intéressant de noter que ces analyses vidéos dans les émissions sportives, sont assez peu utilisées (regardées?) en France, alors qu’elles pullulent depuis des années dans d’autres pays, le plus souvent anglo-saxons, par exemple aux Etats-Unis sur la chaîne ESPN.
Ce qui me donne une parfaite transition pour traiter le sujet de cet article, l’utilisation de l’analyse vidéo semble être une illustration de la différence de traitement de la performance sportive entre les pays latins et anglo-saxons.

Je m’explique. Les pays anglo-saxons, ont incontestablement une longueur d’avance, sur le recours à la technologie, et notamment avec la vidéo dans le coaching des athlètes. Pour des raisons culturelles, mais aussi économiques, les Etats-Unis et l’Australie sont des précurseurs d’utilisation de la technologie et de l’innovation dans l’accompagnement de la performance sportive. Ainsi, il est intéressant de noter que Sportstec est une société d’origine Australienne, qui a utilisé des logiciels d’analyse vidéo crées par l’institut du sport Australien, notamment pour les Jeux Olympiques de Sydney.  Cette société s’est ensuite développée dans les pays anglo-saxons, avec une très forte expansion aux Etats-Unis. Quand on connaît l’attrait des américains, pour les statistiques et les sports séquencés, comme le baseball ou le football américain, qui permettent de revenir instantanément sur une action, additionné à une propension à développer et utiliser de nouvelles technologies, un excellent logiciel d’analyse vidéo ne peut que prospérer sur un tel marché (cf les clients américains de sportstec : http://www.sportstec.com/Clients_Client_List_Global_Fr.htm )
 Ensuite les pays Asiatiques ont emboîté le pas des pays anglo-saxons. Ces pays ont vu leur attrait augmenté pour le support technologique dans le sport de haut niveau, et  ils ont donc commencé à développer l’analyse vidéo. Là aussi, les Jeux Olympiques de Pékin ont sans doute été déterminants pour la définition d’une approche ultra-professionnalisée du sport.

En Europe, le Royaume-Uni était le fer de lance de l’analyse vidéo , et c’est ensuite le milieu sportif Français qui se mit à adopter cette logique de soutien de la performance grâce à la technologie. La filiale française de Sportstec a d’ailleurs été créée à Marseille, il y’a six ans maintenant.
Lorsque l’on regarde les clients à travers le monde de sportstec ou de dartfish, on est frappé par la dichotomie que présente la proportion de pays latins par rapport aux pays anglo-saxons, dans les clients de ces deux sociétés. L’Espagne, l’Italie, le Portugal, mais aussi la Grèce, la Turquie, ou les pays des Balkans sont très peu représentés. Alors qu’ils restent des pays à très forte valeur ajoutée dans le sport de haut niveau, avec de nombreux clubs et de nombreux athlètes qui comptent parmi le haut du panier. En témoigne, les pays représentés par les derniers finalistes de la ligue des champions en football (Italie/Espagne), de l’Euroleague en basket-ball (Espagne/Grèce) ou encore de la coupe Davis en Tennis (Serbie).. 

Bien entendu, les sportifs de haut niveau de ces pays latins, utilisent sans doute la vidéo, mais ils semblent aussi y donner moins d’importance, que des sportifs de pays anglo-saxons. Si l'aspect financier et économique peut aussi expliquer pourquoi des équipes ne prennent pas d'assistant coach analyste vidéo à temps plein, il est tout de même intéressant de constater comment le facteur culturel peut influer dans le sport professionnalisé, et que dans ces pays latins, l’instinct et la propension à improviser, et sûrement tout aussi important qu’un plan de jeu parfaitement exécuté. C'est d'ailleurs un tout autre débat.

La maîtrise parfaite de cet instinct d’improvisation et des technologies qui permettent d’établir des stratégies complexes, est donc sans doute le futur proche de toute réussite sportive.

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