jeudi 28 octobre 2010

La routine et le rituel du sportif repris par le marketing: entre prière, talk et autres bracelets magiques



Aujourd’hui miracle, un article qui ne traite pas de basket-ball et que j’ai voulu avec un ton un peu moins universitaire que les autres. Je vais essayer d’aborder le sujet l’utilisation commerciale des routines et des rituels sportifs.



« d’abord la chaussette gauche… », beaucoup de sportifs de haut niveau (et de sportifs amateurs) ont besoin d’une routine pour se créer un environnement de concentration propice à la performance.



Une routine est une succession de pensées et de comportements,  adoptée régulièrement durant la préparation d’une performance sportive[1]. La routine permet ainsi, par une répétition de gestes, de diminuer au maximum l’imprévu et l’inconnu, qui sont toujours inhérents au sport et souvent critiques dans le haut niveau mais qui peuvent (et doivent !) être en partie maîtrisés. Elle permet notamment au corps de s’habituer à reproduire une performance par une meilleure connaissance du geste adéquat à la situation.
On distingue la routine du rituel qui lui se caractérise par l’ensemble des comportements codifiés, fondés sur la croyance en l’efficacité constamment accrue de leurs effets, grâce à leur répétition.

De mémoire, concernant les rituels, je me souviens des danses des boxeurs thaïlandais avant leur combat, mais aussi de Jason Terry, joueur NBA des Dallas Mavericks, qui dort chaque veille d’avant match avec son short et son maillot de l’Université de Franklin High School à Seattle, ou encore de Jordan qui portait toujours un short cycliste de North Carolina en dessous de celui des Bulls.
Parfois cette routine peut devenir malsaine, à l’image de Darell Armstrong, ex joueur NBA, qui avant chaque match, buvait un bol de café avec 9 sucres et 3 barres chocolatées ! Sachant qu’une saison NBA compte au minimum 82 matchs, ses médecins lui ont demandé de changer rapidement cette pratique !!
Mais si ces routines peuvent impliquer la consommation de certaines substances, parfois naturelles comme le montre ce dernier exemple ou le célèbre jus d’herbe (de gazon) de Tony Parker, elle peuvent aussi déboucher sur le dopage. Je me souviens d'un bouquin de Marcel Desailly (oula!) qui racontait qu'avant les matchs très importants de l'Olympique de Marseille, Bernard Tapie avait coutume de distribuer des pilules "magiques" à ses joueurs. Là je vous recommande de lire mes deux premiers articles sur le dopage dans le sport.
Cette fois-ci nous allons nous intéresser à la reprise marketing de ces routines et rituels.
Que ce soit la boisson énergisante ou la marque de chaussure qui seront, par la grâce des publicitaires, intimement liées aux rites d’un sportif, les routines et rituels des athlètes sont des « appels d’offres » inespérés pour les publicitaires !


De la prière d’avant match de Georges Weah au bisou de Laurent Blanc sur le crâne de Barthez en passant par le Haka de All Black, les mises en scènes des sportifs autour de leur performance, sont des formidables terrains de jeux, sans jeux de mots d’ailleurs, pour les industries liées au sport.
Celle qui me vient en tête, car elle a été énormément exploitée par une célèbre marque de chaussure, est la cérémonie de lancé de talc de Lebron James avant de rentrer sur un terrain.
Cf le petit clip ci dessous, et désolé pour les anti pubs (coupez à la 58 ème seconde, si vous êtes vraiment allergique)


Les rituels peuvent donc devenir de véritables atouts de vente marketing, car ceux liées à l’excellence sont médiatisés, et par effet papillon peuvent devenir une mode, et par la force des choses un succès commercial.
Non pas que je pense que les gamins fans de Lebron vont commencer à balancer du talc avant chacun de leurs matchs, sur les pauvres terrains de France et de Navarre et faire ainsi augmenter le chiffre d’affaire des grossistes de talk , mais je pense par exemple au récent succès des bracelets d'équilibre, que porte d’ailleurs ce joueur.
Ces bracelets, qui sont censés par une étrange alchimie des énergies, rétablir l’équilibre ou encore la circulation sanguine, pullulent sur les poignets des sportifs de haut niveau, après un été seulement, et font dorénavant partie des rites de comportements des athlètes.
J’ai donc fait un bref passage sur des sites sérieux et scientifiques comme ceux de l’irbms[2] pour savoir comment un bracelet contenant un hologramme « magnétique » peut-il agir sur nos récepteurs physiologiques.
Force de constater que ces bracelets auraient surtout un effet placebo et conforteraient nos idoles quand à leur équilibre... Ils s’inscriraient alors dans la lignée du simple gris gris porte bonheur.
On peut donc voir là, un coup de maître des différentes sociétés productrices de ces bracelets, pour avoir créer un besoin et une envie chez le sportif de haut niveau et lui faire croire à des augmentations de performance par le simple ajout d’un bracelet au poignet.
Comme le rappel le site de l’irbms : Ces pratiques relèvent de croyances et de rituels qui visent à accroître la confiance en soi et à juguler certaines angoisses engendrées par la compétition, ce qui nous fait revenir à notre sujet de départ.
Lorsque l’on connaît le pouvoir, parfois spectaculaire, que peut avoir l’effet placebo[3], on comprend dès lors la nécessité de ces routines et rituels, lorsqu’elles sont liées à la répétition de la performance. Quand cette croyance est associée à des idoles sportives puis exploiter commercialement, vous obtenez une poule aux œufs d’or, comme le bracelet d’équilibre, qui rappelons le, coûte une vingtaine d’euros (mazette !).
J’espère avoir était clair, je me suis un peu mélangé les idées lors de la rédaction de cette article. Le cheminement de ma pensée est passé par plusieurs phases, de l’analyse des croyances sportives, aux routines du sportif pour finir sur ce bracelet ! Alors bonne lecture !


[1] http://bdst-bdsc.over-blog.com/pages/LES_ROUTINES_et_RITUELS-1841501.html
[2] http://www.irbms.com/
[3] On sait par exemple que l’on peut, grâce à une poudre quelconque, modifier, par placebo, les paramètres comme la tension artérielle, l’acidité gastrique, le taux de cholestérol ou le nombre de globule blancs. Ce qui montre la sensibilité du système immunitaire à la suggestion.

2 commentaires:

  1. Si tu le réécris, n'oublie pas l'orthographe, on a notamment droit à un très joli "talk-show" (talc...).
    L'article est très bien sinon, peut-être peux-tu ajouter ton opinion perso sur ces phénomènes de récupération marketing.

    La photo est vraiment super, toi et Gaëtan avez fait du bon boulot.

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  2. thanks antoine pour la faute "talk", c'est à cause de la traduction anglaise "chalk" que je me suis un peu emmêlé les pinceaux!

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