dimanche 17 octobre 2010

LE BASKET-BALL DANS LE PANORAMA MEDIATIQUE TELEVISUEL FRANCAIS.

Bonjour tout le monde, aujourd'hui quatrième article du blog, toujours sur la question de la représentation médiatique du basket-ball en France. Je suis actuellement en Espagne, où l'on peut regarder sans problèmes des matches de "baloncesto" sur les chaînes publiques.
Attardons nous sur cet aspect, que je n'ai pas abordé dans mon dernier article.





En effet précédemment, on a vu qu'à la télévision, le basket-ball est un sport justement représenté.
Ce que semble confirmer le dernier contrat télévisuel de quatre ans (couvrant la période 2009-2013) signé entre le groupe canal et la pro A. Avec à la clé une revalorisation de deux millions d’euros par an.
En 2008, Canal + versait deux millions d’euros pour la diffusion sur Sport + d’un match le vendredi soir. Dorénavant, le Groupe Canal verse donc 4 millions d’euros par an, et retransmet deux matchs par semaine: le premier sur Sport + le vendredi soir, le second le samedi soir, soit sur Sport +, soit sur Canal + Sport…
Un certain succès pour un basket français pourtant mal en point. A titre de comparaison, le handball “se contente” de 2 millions d’euros, ce qui était apparu comme une très grosse performance à l’époque de la signature. Et même si l’on est loin des chiffres du rugby, les progrès sont réels : les droits télé ont quadruplé en cinq ans (ils valaient 1 million en 2003-2004) et l’exposition de ce sport n’aura jamais été aussi grande. Quand la Pro A était passée sur TPS Star, l’audience peinait à passer les 20 000 téléspectateurs, avec des matchs ayant rassemblé moins de 5 000 personnes devant leur écran. L’an dernier, le match du vendredi attirait en moyenne entre 60 000 et 80 000 personnes, approchant même les 100 000 en fin de saison. Une tendance à la hausse qui, associée au passage à deux matchs par semaine, apporte au basket une exposition inédite. Tout en ne bouleversant pas les habitudes d’un public qui n’a pas à changé de ''bouquet'' pour suivre son sport. Le basket français semble espèrer que ce nouveau contrat télévision est le point de départ d’une relation solide avec le média télé, et met ainsi derrière lui les années 90 où le basket-ball contrairement au football ou au rugby semblait avoir raté le train de la télévision. Ce qui a sans doute eu des répercussions sur le secteur économique de ce sport. L’économiste Frédéric Bolotny récapitule[1] : « Là où le foot a triplé ses revenus en dix ans et le rugby en cinq (grâce aux contrats tv), le basket a été totalement ''largué''. Et cela dure depuis quinze ans puisque, en monnaie courante, nos budgets n’ont pas bougé ! Concrètement, en tenant compte de l’inflation, on peut même dire que les clubs français se sont appauvris sur la période, pendant que leurs voisins européens ont progressé »
Selon David Cozette, rédacteur en chef de sport +, le basket-ball est un produit attractif mais il l’est dans le cadre d’une chaîne du câble et du satellite spécialisée dans le sport : «  Là on est pile dans le cœur de cible. Donc le spectacle produit est franchement pas mal. On tourne à pas loin de 100 000 téléspectateurs en moyenne. ».


Pourtant on l'a vu, de nombreuses voix s’élèvent contre sa sous-médiatisation. Plusieurs raisons peuvent expliquer cela, nous le verrons à travers ce blog. Une première explication peut être que  si le basket est cinquième au niveau du temps d’antenne, son temps consacré l’est entièrement sur les chaînes du groupe canal : ''Canal plus'', ''Canal plus sport'' et ''Sport plus'' (environ 100h en 2003), et dernièrement sur ''Orange tv ''depuis 2008.
Sur TF1, France 2, France 3 et M6, les chaînes hertziennes non payantes, il y a 19 minutes comptabilisées en 2003 pour le basket-ball[2]. Le hand-ball arrive à 4h, le rugby à 170h, le foot à 240h, le volley à 1h etc.…  Tous sports confondus sur les chaînes non payantes, le basket arrive à la dernière position à égalité avec le tir à l’arc  avec 19min (le hockey sur glace et le kick boxing ont exclusivement une diffusion sur les chaînes du groupe canal).
Or, selon le journaliste Thomas Berjoan[3] : « c’est la télévision hertzienne et sans abonnement, qui raconte, fait vivre les grandes épopées sportives qui passent ensuite à la postérité. Celles qui forgent la culture sportive d’un pays. Le basket ne passe plus sur le hertzien. La dernière fois c’était la finale gagnée par l’équipe de France féminine en 2009. Avant cela ? La finale de pro A en 2005 un dimanche après midi sur France 3. ». Pour voir du basket il est donc nécessaire de s’abonner à une chaîne payante. Canal plus et Sport plus diffusent le basket américain, et Sport plus et Canal plus sport ont en charge le basket français et européen.
La diffusion de nombreux matchs sur les chaînes du groupe Canal et sur Orange tv, occulte le fait qu’il n’y a pas de concurrence sur l’appel d’offre du basket-ball, et surtout que dorénavant il n'y a aucune diffusion sur les chaînes publiques même pour les compétitions de l’équipe de France type coupe du monde ou championnat d’Europe. Ce qui n’était pas le cas il y a une dizaine d’années. Fabien Friconnet, journaliste à Basket-Hebdo, puis BasketNews depuis 1999, nous conte cette anecdote sur la place du basket-ball en France dans les années 80[4] : « j’ai consulté le journal de 20h de TF1 du 2 mai 1987, chaîne non détentrice des droits du basket. J’ai d’abord survolé les sujets forts, déclamés en début d’édition : le Pape Jean-Paul II qui dénonce "le scandale social qu’est le chômage", la Yougoslavie en proie à une grave crise "inflation, chômage, grève et endettement", avec ce joli titre à l’écran "Les Serbes croassent" (un petit malin s’est fait plaisir chez TF1), etc. Puis, en deuxième position du journal, juste après la Formule 1, un reportage d’une minute et trente secondes (ce qui est beaucoup pour un 20h) sur la deuxième manche de la finale de basket entre Orthez et Limoges, et la bagarre générale qui l’a émaillée. Mais c’est ensuite que cela devient intéressant.En effet, quand la  présentatrice Marie-France Cubada paraît à l’antenne, elle dit ceci, in extenso : "Dernière information sportive de ce samedi : ce soir, finale du championnat de rugby, au Parc des Princes. Le Racing joue contre Toulon." Soit 8 secondes . S’ensuit un reportage sur la visite du Pape en Allemagne de l’Ouest, etc. Pas grand-chose à ajouter. L’anecdote parle d’elle-même… ».             
Pour Vincent Collet, sélectionneur de l’équipe de France, la visibilité sur les chaînes publiques, est incontournable aujourd’hui, si  on veut pérenniser le développement du basket.
 On peut donc affirmer, en observant les chiffres du seul média télé, que malgré un nombre important de licenciés au niveau de la fédération de basket-ball en France, la médiatisation de ce sport reste relativement ciblée ou en tout cas payante. Quand on sait que les 15-24 ans représentent un tiers du public média du basket à la télévision ou à la radio, on peut se demander si la situation est profitable au basket-ball. De même, on peut s’interroger sur les conséquences pour les consommateurs et le sport lui-même, du fait que les retransmissions se déplacent vers les chaînes payantes, et en particulier sur le risque d’éroder la base de fans pour l’avenir alors que de nombreux indices tendent à penser que ce sport possède un beau potentiel pour se développer.
En effet, les instances du Basket-ball en France veulent améliorer la visibilité médiatique de leur sport, car elles pensent que le basket-ball possède un réel potentiel d’attrait pour le grand public. Dans une étude[5] sur l’image du basket-ball en France commandée en 1999 par la Fédération Française de Basket-ball, on voit que la référence NBA[6] en fait un sport « branché »et « moderne » en phase avec la culture des adolescents. Or, plus de 60% de ses licenciés ont moins de 19 ans[7].
Selon Vincent Collet, le sélectionneur de l’équipe de France[8] « Le basket a un potentiel qui peut attirer le grand public. C’est spectaculaire, familial. Il a des critères qui pourraient permettre de nous développer, notamment au niveau des familles. Les études qui ont été menées par rapport au football, c’est qu’au basket, il y a presque autant de femmes que d’hommes, contrairement au foot. Cela est un atout, et il n’y a pas d’hooliganisme, les gens peuvent aller en sécurité. On est protégé du mauvais temps, ça paraît peu important mais en hiver ça l’est. »
Dans cette étude sur l’image du basket en France sur un panel de 1001 personnes âgées de 12 à 40 ans (50% hommes, 50% femmes)on distingue que:
Sur l’identification sportive du public: 68% dont 85% des 12-18 ans ont un intérêt pour le
basket.
 Au niveau de l’intérêt pour le spectacle du basket : à la TV:
      42% regardent les matchs ( soit de l’équipe de France, soit de la NBA, soit de la France et des coupes d’europe)
      34% sont abonnés à une chaîne sportive (Canal plus et Eurosport),
      33% vont voir des matchs en salle,
      6% des 12-40 ans pratiquent régulièrement le basket et le chiffre s’élève à 11% des 12-18 ans.
On voit donc que le basket-ball peut être un produit intéressant notamment pour les sponsors qui veulent véhiculer ces valeurs de modernité. On peut aussi penser à toute cette culture de la rue, hip-hop, graffiti et vêtements ''street wear'', qui s’associe souvent avec les tournois de basket de rue, du type ''Quai 54''[9].
Pourtant le problème de la médiatisation est la plupart du temps invoqué comme cause principale aux difficultés de développement du basket-ball en France. Cette accusation sur les médias est pourtant difficile pour ces derniers, notamment de par le manque de résultats internationaux des équipes françaises, qui semble être déterminant dans la réduction de la visibilité médiatique.

Il apparaît donc que le rayonnement médiatique du basket-ball en France soit en dents de scie. Si le basket-ball est, depuis une décennie maintenant, oublié par les chaînes publiques c’est peut être parce que les résultat sportifs des clubs mais aussi de l’équipe de France n’ont pas été à la hauteur jusqu’à présent. Il semble aussi que le basket-ball à longtemps souffert du manque de personnalités charismatiques identifiables auprès du grand public, à l’instar d’un Zinédine Zidane en football ou d’un Sébastien Chabal en rugby.
 Dans un prochain artcile, nous examinerons le bénéfice que pourrait donner un changement des résultats sportifs et les conséquences de l'apparition de personnages identifiables par le grand public sur la visibilité médiatique de ce sport en France.

PS: Je vais bientôt poster des articles sur d'autres sports car je pense aussi à ceux qui ne s'interessent pas uniquement au basket-ball.

                    

[1]           BasketNews 413, 18/09/2009

[2]              Source : CSA/ la lettre de l’économie du sport, 2004
[3]              Basketnews 501, 27 mai 2010 p 4 et 5
[5]              Voir G. Venon, FFBB, service communication marketing, rapport de stage DESS de marketing et gestion du sport de Strasbourg 2, septembre 1999
[6]              National Basketball Association : principale ligue du championnat américain
[7]              http://www.linternaute.com/sport/pratique/classement/les-sports-qui-comptent-le-plus-de-licencies/n-5-le-basket.shtml
[8]              Entretien réalisé à Lyon le 26/03/2009
[9]              Tournoi international de basket-ball de rue basé à Paris

1 commentaire:

  1. Personnellement j'aurai préféré que tu continues juste sur le basket. Le suspense devient insoutenable pour avoir un peu plus d'éléments sur ce sport que nous adorons, mais c'est peut-être un effet voulu... (et puis bon, publier 50 pages de mémoire d'un coup c'est un peu limite pour un blog, c'est sûr...).

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